Enfance à Londres

Valerie Jane Morris-Goodall est née à Londres le 3 avril 1934, d’un père ingénieur et d’une mère auteure. Jane, qui a une sœur, Judy, est tombée amoureuse de la vie sauvage dès son enfance. Petite déjà, au lieu de jouer avec les enfants de son âge, Jane préférait rester seule dans la nature, à observer les animaux dans le jardin, à relater et à faire des dessins de ce qu’elle voyait. Jane pouvait rester des heures cachée dans son jardin, ce qui inquiétait ses parents au point de la déclarer « disparue » au poste de police.

Un jour, lorsqu’elle avait un peu plus d’un an, son père lui ramena un jouet à l’effigie d’un bébé chimpanzé né au zoo de Londres, qui marqua les prémices d’une vie entière passée avec ces primates. Était-ce un signe ?

Lorsqu’elle était plus jeune, Jane racontait que ce qu’elle souhaitait par-dessus tout, c’était de vivre auprès des animaux en Afrique, et d’écrire. Il est vrai que cela pouvait semblait irréaliste, voire même utopique, mais la mère de Jane, ayant compris l’excitation de sa fille pour ce projet, n’essaya pas de la dissuader, l’encouragea à atteindre son rêve, en lui répétant ce que tout parent devrait dire à son enfant : « Jane, si tu veux vraiment quelque chose, si tu travailles dur, si tu saisis chaque opportunité et que tu n’abandonnes pas, alors d’une façon ou d’une autre, tu y arriveras. »

À cette époque, la Seconde Guerre mondiale commence en Europe, et le père de Jane partit pour une certaine période pour devenir ingénieur dans l’armée britannique. En revenant quelques années plus tard, les parents de la petite Jane divorcèrent.

Après avoir passé des années à explorer le jardin familial qu’elle aimait tellement et après avoir décroché son diplôme d’étude secondaire, Jane enchaîna les emplois, ne pouvant pas payer pour des études universitaires à son plus grand regret.

En mai 1956, une amie invita Jane à passer des vacances au Kenya, dans la ferme familiale. Après une année passée à gagner de quoi payer le bateau, Jane prit le large et s’en alla un peu plus près de son rêve. C’était là, le début de la vie sur le continent africain du Dre Jane Goodall.

Premiers pas
en Afrique

Lors de son voyage au Kenya, en avril 1957, Jane Goodall, alors âgée de 23 ans, rencontra le reconnu anthroplogue et paléontologue Dr Louis S. B. Leakey. Celui-ci effectuait à cette époque des fouilles dans la Corne de l’Afrique. Jane bluffa le Dr. Leakey avec ses connaissances à tel point qu’il lui offrit une opportunité qu’elle ne put refuser, celle de devenir son assistante, et de l’accompagner sur des fouilles archéologiques en Tanzanie.

Après avoir étudié les fossiles à Olduvai Gorge en Tanzanie, le duo a commencé à étudier les chimpanzés sauvages près du lac Tanganyika, toujours dans ce pays. Dr Leakey avait pensé auparavant à mener une longue étude de terrain, car il pensait que les animaux pouvaient être encore à l’origine de nombreuses découvertes. Leakey proposa à Jane de mener cette étude, étant convaincu que celle-ci saurait s’adapter et qu’elle avait le tempérament adéquat à un isolement à long terme.

Cela tombait à pic, car Jane voulait rester parmi les chimpanzés pour en apprendre plus et parce qu’elle voulait « apprendre des choses que personne d’autre ne savait, découvrir des secrets par le biais d’observations patientes ». Ce fut donc la mission que Leakey lui assigna.

Bien sûr, il ne fut pas simple pour Jane d’obtenir les autorisations de rester vivre avec les chimpanzés en Afrique, l’État britannique n’étant pas forcément enthousiaste à l’idée de laisser une compatriote seule, au milieu de l’Afrique, dans la réserve de Gombe en Tanzanie. Après de nombreuses batailles, Leakey eu une idée brillante, qui peut sembler aussi saugrenue que le projet en lui-même : envoyer avec Jane, sa mère, Vanne, pour les trois premiers mois sur place. Et les autorités acceptèrent !

Munies d’un carnet de notes, de jumelles et de quelques affaires, Jane et Vanne arrivèrent en Tanzanie le 4 juillet 1960, pour ce qui allait être « la plus longue étude de terrain des animaux sauvages dans leur environnement naturel. »

Une vie avec les chimpanzés

Se rapprocher toujours un peu plus était le but de Jane, qui a mis énormément de temps avant de gagner la confiance des chimpanzés de la réserve. Jane ne voulait pas les brusquer et prendre le risque de les faire fuir. Alors elle usa de patience, de beaucoup de patience. Cela prit un peu plus d’un an avant qu’elle puisse seulement voir un repas.

Au début, Jane ne pouvait s’approcher qu’à cinq cents mètres maximum, ce qui pouvait laisser présager la difficulté d’acceptation. Un an après, seuls trente mètres séparaient Jane des familles de grands singes. C’est après deux longues années teintées de patience et d’optimisme que Jane fut enfin acceptée, et qu’elle put créer un contact.

Jane avait créé un rituel qu’elle aimait surnommer le « banana club » : chaque matin, elle se levait tôt pour aller donner, toujours à la même heure, une banane à chaque chimpanzé. Cela avait établi un lien de confiance, qui allait se renforcer le long de son séjour.

Jane menait une expérience, une quête avec comme seules armes sa patience, sa détermination et sa plume. À l’inverse des spécialistes, elle n’avait pas de diplôme. Des scientifiques ont critiqué sa façon peu conventionnelle de faire son étude. Jane avait, par exemple, donné des prénoms aux chimpanzés, car elle avait compris qu’ils avaient une personnalité, une conscience, alors que cette idée était encore rejetée par les spécialistes qui voulaient plutôt leur donner des numéros. En ce sens, Jane était pionnière. La jeune femme ne considérait pas les chimpanzés comme des « animaux de laboratoire » ou des sujets de recherche, mais comme des êtres vivants avec une conscience.

Pour s’intégrer dans le monde des chimpanzés, Jane s’est énormément investie, allant jusqu’à passer des heures dans les arbres avec les primates, à imiter leurs comportements, ou encore à manger leur nourriture, qu’elle trouvait parfois meilleure que ses propres provisions. En vivant avec les chimpanzés, Jane découvrit des choses qui étaient jusqu’alors inconnues.

Pour extraire des termites de la terre, les chimpanzés choisissaient la branche la plus fine et la plus solide d’un arbre, à laquelle ils enlevaient toutes les feuilles, pour pouvoir attraper les termites. Jane a tout de suite compris qu’il s’agissait là d’une découverte : le chimpanzé fabrique et utilise des outils. L’humain était considéré jusque-là comme le seul être vivant capable de se fabriquer des outils pour se nourrir. Jane fut la témoin d’une situation qui allait changer le rapport homme-animal.

Leakey commenta après cette découverte de Jane : « Maintenant, nous devons redéfinir la notion d’homme, la notion d’outil, ou alors accepter le chimpanzé comme humain ». C’est de cette observation qu’est née la pensée que les chimpanzés sont les « cousins » des humains, nos semblables. Jane observa de nombreux points communs des humains avec ces primates qui nous paraissent aujourd’hui logiques telle que la notion de famille et la chasse. Chez les chimpanzés, les liens entre membres d’une même famille sont forts et le restent tout le long de leur vie.Toutes ces années de recherche ont amené à de grandes découvertes sur les chimpanzés, par exemple, comme le fait qu’ils soient non pas végétariens, mais omnivores, qu’il existe au sein d’une tribu un système social ou encore des rituels. Jane démontre même la présence d’un langage, certes primitif, avec plus de vingt sons. Nous avons plus de points en communs avec les chimpanzés que ce que nous imaginions. Nous, humains, sommes capables du pire comme du meilleur, mais ces primates aussi : Jane a été le témoin d’une guerre entre deux clans qui s’est terminée lorsque le dernier membre de l’un des clans est mort. Mais elle a aussi observé des moments de réconfort, de compassion.

Reconnaissance scientifique

Jane, qui avait été jusque là critiquée par les spécialistes de l’époque pour ses méthodes, fut acceptée à l’Université de Cambridge, puis en sortit en 1965 avec un doctorat en éthologie (l’étude du comportement animal). Jane fut une des rares candidates à être acceptée sans avoir de diplômes.

Depuis 1963, les travaux et recherches de Jane étaient commandités par le magazine National Geographic. Il existe aujourd’hui près de 165 000 d’heures de film, de photographies et surtout d’articles parus dans le journal comme « My life among wild chimpanzees ».

Les chimpanzés sont probablement les animaux sur lesquels nous avons le plus de film, et de recherches, grâce aux travaux de la jeune femme. National Geographic a vraiment permis au Dr Goodall de mener ses recherches dans de bonnes conditions, avec d’une part, la présence « journalistique » de ses équipes, mais aussi en construisant la première vraie structure d’observation dans le parc de Gombe, le « Gombe Stream Research Centre ».

Jane Goodall Institute

En 1977, Jane créa le Jane Goodall Institute.

Il a pour mission d’améliorer la vie des personnes, des animaux et de l’environnement, en protégeant les chimpanzés & la faune sauvage et en incitant à agir pour préserver le monde naturel.

L’Institut agit sur 2 axes : 

  • La recherche scientifique et la conservation dans le cadre de sanctuaires, parcs nationaux et réserves situés en Afrique : l’Institut place les communautés locales au cœur de ce travail de conservation afin d’améliorer la vie des habitants, des animaux et de leur environnement.
  • La sensibilisation des plus jeunes au fragile équilibre entre les hommes, les autres animaux et la nature : le programme international Roots & Shoots, présent dans 65 pays, rassemble plus de 1 million de jeunes par an autour de la sensibilisation et l’action pour un monde meilleur.

Pour la petite histoire, c’est lors d’une conférence donnée à Chicago pour son nouveau livre intitulé The Chimpanzees of Gombe : Patterns of behaviour que Jane prit conscience de l’importance de la sensibilisation. C’est avec beaucoup de difficulté, de tristesse, mais aussi d’enthousiasme devant un nouveau challenge que Jane décida de partir de Gombe, de quitter les chimpanzés pour faire retour vers la civilisation humaine.

D’éthologue à activiste internationale

Aujourd’hui, Jane Goodall est une figure internationale de la défense de l’environnement. Messagère de la Paix auprès de l’ONU, nominée pour le Prix Nobel de la Paix 2019, elle a obtenu des centaines de Prix récompensant son rôle de modèle auprès des jeunes activistes et son inlassable travail de terrain. Elle est l’une des 100 personnalités les plus influentes au monde selon Time Magazine et l’une des 28 les plus iconiques du siècle selon la BBC.La protection des chimpanzés est toujours au cœurs de son action, tout autant que le fait de sensibiliser chacun à l’interaction du vivant et à l’importance d’œuvrer pour une planète plus juste et harmonieuse pour les hommes, les autres animaux et notre environnement partagé.

Vie privée

Lorsque National Geographic décida de commanditer Jane dans ses recherches, le magazine envoya en 1963 un photographe et réalisateur aux côtés de Jane, Hugo Van Lawick. Après avoir presque passé un an ensemble dans la réserve de Gombe, le duo tomba amoureux et se maria en 1964. De cette union naquit un fils, Hugo Eric Louis Van Lawick. Après une décennie passée ensemble, le couple divorce en bons termes en 1974.

En 1975, Jane se remaria avec Derek Bryceson, un membre du parlement de Tanzanie et le directeur des parcs nationaux du pays. Bryceson, qui s’est battu contre le cancer, décéda en 1980.

À propos de l’Institut

Créé en 1977 par le Dr. Jane Goodall à l'international et en 2004 en France, le Jane Goodall Institute est une ONG de conservation environnementale reconnue dans le monde entier pour son sérieux, son impact et l'espoir qui l'anime.

En savoir plus

Les découvertes historiques du Dr. Jane Goodall

Tout aussi important que ces avancées scientifiques et éthologiques, le Dr. Jane Goodall a été pionnière d’une approche avant-gardiste du comportement animal.

En savoir plus